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Thursday, 13 November 2025

Les erreurs stratégiques de la RDC dans les négociations de paix pour l'Est du Congo

Depuis plus de deux décennies, la République Démocratique du Congo (RDC) est le théâtre de conflits récurrents dans ses provinces orientales — le Nord-Kivu, le Sud-Kivu et l'Ituri. Malgré d'innombrables dialogues, accords et initiatives régionales ou internationales, la paix durable reste insaisissable. L'analyse des processus de négociation révèle une série d'erreurs stratégiques commises par Kinshasa, souvent liées à une mauvaise lecture du rapport de forces, à des concessions mal calculées, et à une diplomatie réactive plutôt que proactive.

1. Une diplomatie de réaction plutôt que d'anticipation

L'un des principaux défauts de la RDC est d'avoir longtemps adopté une diplomatie de réaction. Au lieu d'imposer son propre agenda, Kinshasa se laisse souvent entraîner dans des cadres de négociation imposés par des puissances étrangères ou par ses voisins.

Les dialogues de Lusaka (1999), Sun City (2002), Nairobi (2008), Addis-Abeba (2013), Luanda (2022) ou encore Doha (2024) ont tous été initiés dans un contexte de crise, lorsque les rebelles avaient déjà pris le dessus sur le terrain. Cela place systématiquement la RDC dans une position défensive, la poussant à négocier sous pression. En diplomatie, celui qui négocie dans l'urgence perd souvent le contrôle du narratif et accepte des compromis nuisibles à long terme.

2. La multiplication des cadres de négociation concurrentiels

Une autre erreur stratégique majeure a été la prolifération des cadres de négociation parallèles. La RDC a simultanément participé à plusieurs processus :

  • Le processus de Nairobi, piloté par la Communauté d'Afrique de l'Est (EAC), centré sur le désarmement et le dialogue interne
  • Le processus de Luanda, sous médiation angolaise, axé sur la désescalade militaire avec le Rwanda
  • Le processus de Doha, soutenu par les États-Unis et le Qatar, visant à reconnaître le M23 comme interlocuteur politique
  • Les initiatives de l'Union africaine et de la SADC, parfois non coordonnées avec les précédentes

Cette dispersion diplomatique dilue la position congolaise, crée des contradictions et permet à ses adversaires — notamment le Rwanda — de jouer sur les divisions. Chaque processus introduit des acteurs et des conditions différentes, rendant la stratégie nationale floue et incohérente.

La RDC aurait dû unifier ces cadres dans une stratégie nationale de paix clairement articulée autour d'objectifs non négociables : la souveraineté territoriale, la fin du soutien rwandais aux rebelles et la réinsertion sécurisée des populations déplacées.

3. L'erreur de légitimer des groupes armés

L'une des fautes les plus graves a été de légitimer politiquement les groupes rebelles par le dialogue. À plusieurs reprises, le gouvernement congolais a accepté d'intégrer les chefs rebelles dans l'armée nationale (FARDC) ou dans l'administration, en échange d'un cessez-le-feu.

Ce fut le cas avec le RCD-Goma, le CNDP et plus récemment avec le M23. Cette politique de "réintégration sans justice" a créé un dangereux précédent : chaque faction armée sait qu'en prenant les armes, elle obtiendra des postes, des avantages et une reconnaissance politique.

Ce cycle d'impunité a contribué à l'émergence d'une "économie de la rébellion", où la guerre devient un moyen de promotion sociale et de rente politique. La RDC n'a jamais imposé de justice transitionnelle crédible pour juger les crimes commis, ce qui a affaibli l'État et démoralisé l'armée régulière.

4. L'absence d'une stratégie militaire cohérente pour appuyer la diplomatie

La diplomatie efficace repose sur la force. Or, la RDC a souvent entamé des négociations sans rapport de force favorable. L'armée congolaise, sous-équipée et infiltrée, a rarement réussi à stabiliser les zones de conflit avant le dialogue.

Pendant que Kinshasa négociait, le M23 consolidait son contrôle sur des territoires stratégiques, notamment autour de Goma. Sans gains militaires significatifs, la RDC se présentait à la table de négociation comme un acteur affaibli.

En diplomatie, la faiblesse militaire se paie en concessions politiques. Le Rwanda et ses alliés en ont pleinement tiré profit. Au lieu d'investir durablement dans la réforme et la professionnalisation de ses forces armées, Kinshasa a souvent compté sur des forces étrangères (MONUSCO, EAC, SADC), perdant ainsi la maîtrise du terrain et du narratif sécuritaire.

5. Le manque de cohérence interne et de continuité politique

Chaque nouveau gouvernement congolais remet en question les accords signés par le précédent. Cette discontinuité mine la crédibilité du pays.

Sous Joseph Kabila, le processus de Nairobi (2013) avait été présenté comme la fin du M23 ; mais sous Félix Tshisekedi, le même mouvement a refait surface, remobilisé et soutenu par Kigali. Les acteurs régionaux et internationaux constatent cette instabilité politique et en profitent pour imposer leurs conditions.

La RDC souffre également d'un manque de coordination entre le gouvernement central et les autorités locales. Les gouverneurs, les chefs coutumiers et les communautés n'ont souvent pas été consultés lors des négociations, ce qui affaiblit la mise en œuvre des accords. Une paix signée à Kinshasa sans ancrage local est vouée à l'échec.

6. Une sous-estimation du rôle régional du Rwanda

Une autre erreur récurrente est la sous-estimation du rôle géopolitique du Rwanda et de son agenda économique dans la région des Grands Lacs. Kigali ne participe pas aux conflits par simple hostilité, mais pour contrôler les chaînes d'approvisionnement en minerais stratégiques (coltan, or, cobalt, étain).

La RDC, en cherchant la paix sans comprendre ces enjeux économiques, a négocié sur des bases purement politiques. Les "Accords de Washington" (2024), qui placent le Rwanda comme centre de traitement des minerais de la région, illustrent cette erreur : ils officialisent un système où la valeur ajoutée des ressources congolaises profite au Rwanda, avec la bénédiction des États-Unis.

La RDC aurait dû poser comme condition préalable à toute coopération régionale la transparence dans la traçabilité et la commercialisation des minerais, et refuser toute architecture économique qui la marginalise.

7. La dépendance excessive vis-à-vis des médiations étrangères

La RDC a souvent placé sa confiance dans des médiateurs étrangers — États-Unis, Angola, Kenya, Qatar, ONU — sans développer sa propre capacité de médiation régionale. Cette dépendance diplomatique a coûté cher.

Les médiateurs, en cherchant un compromis rapide, privilégient la stabilité régionale au détriment des intérêts souverains congolais. Ainsi, les solutions imposées sont souvent temporaires, superficielles et inadaptées aux réalités locales.

Kinshasa aurait dû renforcer sa diplomatie de souveraineté, en s'appuyant davantage sur la CEEAC et la SADC, et en formant un corps de diplomates spécialisés dans les négociations de paix et la gestion post-conflit.

8. L'absence de stratégie de communication et de diplomatie publique

Dans les négociations, le Rwanda a su maîtriser la communication internationale, se présentant comme un acteur de stabilité et de modernisation. À l'inverse, la RDC n'a pas su construire un narratif cohérent pour convaincre la communauté internationale de la nature de l'agression qu'elle subit.

Les accusations de "génocide" ou de "balkanisation" sont souvent perçues à l'extérieur comme des exagérations faute d'un travail de plaidoyer structuré. La RDC ne dispose pas de centres de recherche, de diplomatie publique, ni de lobbying stratégique capables d'influencer les décideurs à Washington, Bruxelles ou à l'ONU.

Le résultat est un déséquilibre informationnel qui profite au Rwanda et affaiblit la position congolaise sur la scène internationale.

9. L'oubli de la dimension socio-économique dans les accords de paix

Les négociations se sont presque toujours limitées à des arrangements militaires et politiques : cessez-le-feu, partage de postes, intégration des combattants. Peu d'attention a été portée aux causes profondes du conflit : pauvreté, marginalisation des jeunes, absence d'infrastructures, corruption, et exploitation illégale des ressources naturelles.

Sans une stratégie de développement local et de réconciliation communautaire, les accords de paix deviennent de simples trêves. Les populations locales, frustrées par la lenteur du changement, se tournent de nouveau vers des groupes armés pour se protéger ou survivre.

10. Le manque d'usage de stratèges et de consultants pour défendre les intérêts nationaux

Une autre erreur stratégique majeure de la RDC réside dans l'absence d'experts et de stratèges spécialisés pour appuyer les négociateurs lors des pourparlers de paix et des accords régionaux.

Contrairement à d'autres pays, le Congo aborde souvent les négociations avec des délégations politiques peu préparées sur les aspects géopolitiques, économiques et juridiques. La plupart des négociateurs congolais ne disposent ni de conseillers en stratégie, ni d'analystes en intelligence économique, ni de juristes internationaux capables de décoder les clauses implicites des accords.

Le Rwanda, au contraire, s'appuie sur une armée de stratèges, d'experts en communication, de diplomates formés aux meilleures écoles et de cabinets-conseils étrangers qui l'aident à influencer les rapports de force régionaux et internationaux.

Ce déséquilibre d'expertise coûte cher à la RDC : elle signe souvent des textes mal négociés, sans anticiper leurs conséquences à long terme. Le pays gagnerait à institutionnaliser un corps d'experts nationaux et de consultants indépendants en diplomatie, droit international, sécurité et économie des ressources naturelles, capables de préparer les négociateurs congolais, de défendre les intérêts du pays et de produire des analyses stratégiques solides avant toute signature d'accord.

11. Le manque de diplomatie active en Afrique et d'alliances à intérêt réciproque

La RDC souffre également d'un manque de diplomatie proactive sur le continent africain, contrairement au Rwanda qui, malgré sa petite taille, a su tisser un vaste réseau d'alliances. Kigali entretient aujourd'hui des accords de coopération bilatérale avec la majorité des pays africains, même lorsque ces accords n'apportent que peu d'avantages économiques immédiats. Leur objectif est stratégique : créer un capital politique, influencer les votes dans les organisations régionales et internationales, et façonner une image d'acteur incontournable en Afrique.

La RDC, quant à elle, limite souvent ses relations africaines à des cadres régionaux formels (SADC, CEEAC, UA), sans investir dans la diplomatie bilatérale soutenue. Elle ne dispose pas d'une présence diplomatique forte ni de programmes d'échanges économiques et culturels capables de construire une solidarité africaine autour de ses causes, notamment la question sécuritaire de l'Est.

Ce manque de présence et de lobbying sur le continent laisse le Rwanda occuper l'espace diplomatique africain, influençant les perceptions et affaiblissant la position congolaise dans les votes ou les résolutions internationales. La RDC devrait donc bâtir une diplomatie africaine d'influence, fondée sur des partenariats à intérêt réciproque, notamment dans l'énergie, les mines, la culture et la sécurité collective.

12. L'acceptation de conditions imposées par le Rwanda : une stratégie piégée

Une autre erreur stratégique majeure de la RDC fut d'accepter les conditions fixées, directement ou indirectement, par le Rwanda dans le cadre des négociations de paix. Sous la pression de certains médiateurs, Kigali a réussi à imposer deux éléments clés : la négociation avec le mouvement rebelle M23 et la multiplication d'intervenants extérieurs censés faciliter le dialogue, mais en réalité destinés à diluer les responsabilités et retarder les décisions.

En acceptant de traiter le M23 comme une partie politique légitime, la RDC a accordé une reconnaissance implicite à un groupe armé soutenu par une puissance étrangère. Ce précédent mine la souveraineté nationale et crée une confusion entre agresseur et victime. De plus, en tolérant l'intervention de multiples acteurs choisis ou influencés par Kigali — qu'il s'agisse de certains États membres de la Communauté d'Afrique de l'Est, de médiateurs étrangers ou d'organisations alignées sur les intérêts rwandais — Kinshasa s'est retrouvée enfermée dans un processus long, complexe et favorable à l'occupant.

Cette erreur a permis au Rwanda et au M23 de gagner du temps sur le terrain, de renforcer leurs positions militaires et diplomatiques, et d'imposer une lecture biaisée du conflit, présentée comme une simple crise interne congolaise plutôt qu'une agression étrangère.

13. Avoir accepté que la question des FDLR devienne le principal argument du Rwanda

L'une des erreurs les plus significatives de la RDC fut d'accepter que la question des FDLR (Forces Démocratiques de Libération du Rwanda) soit placée au cœur des revendications sécuritaires du Rwanda, sans jamais exiger une évaluation indépendante et objective de cette menace. Depuis plus de vingt ans, Kigali justifie ses incursions militaires sur le territoire congolais par la présence présumée des FDLR, présentées comme une menace existentielle pour sa sécurité nationale.

Au lieu de contester cette narrative, la RDC s'est souvent contentée de promesses de désarmement et de programmes de DDR (désarmement, démobilisation, réinsertion) mal exécutés. Elle aurait dû saisir les Nations Unies pour la création d'une commission neutre et internationale d'enquête, chargée d'évaluer de manière factuelle l'ampleur réelle de la présence des FDLR en RDC, leur niveau de nuisance et leur lien actuel — souvent faible — avec les événements de 1994.

Une telle démarche aurait eu deux avantages stratégiques majeurs :

  1. Désarmer l'argument de légitimité militaire du Rwanda, utilisé pour justifier la présence illégale des RDF (Forces de Défense Rwandaises) en RDC
  2. Recentrer le débat international sur la véritable question : l'agression, l'exploitation illégale des ressources et la violation de la souveraineté congolaise

En ne réclamant pas cette vérification indépendante, Kinshasa a laissé Kigali manipuler le discours sécuritaire international et imposer son récit d'auto-défense, alors qu'il s'agit en réalité d'un projet d'expansion économique et géopolitique déguisé.

14. L'incohérence du discours congolais sur la question du FDLR

Une autre erreur stratégique importante réside dans le langage incohérent de la RDC au sujet du FDLR. Pendant plusieurs années, les autorités congolaises ont affirmé, à juste titre, que les FDLR ne représentaient qu'une menace marginale et résiduelle, ne disposant ni de capacité militaire significative ni d'influence politique majeure. Cette position était cohérente avec les observations des missions onusiennes et des rapports d'experts indépendants.

Cependant, sous la pression des négociations régionales et internationales, notamment dans le cadre du processus de Luanda et des dialogues de Nairobi, Kinshasa a commencé à reprendre partiellement le discours rwandais, reconnaissant par moments que la présence du FDLR posait « un problème de sécurité régionale ». Cette fluctuation a brouillé le message diplomatique congolais.

En s'alignant, même partiellement, sur la narrative du Rwanda, la RDC a affaibli sa propre argumentation : elle a validé indirectement le prétexte utilisé par Kigali pour justifier ses interventions militaires. Une position constante et fondée sur des preuves — accompagnée d'une demande officielle d'enquête neutre par les Nations Unies — aurait permis de neutraliser cette manipulation narrative et de renforcer la crédibilité congolaise sur la scène internationale.

15. L'absence d'une enquête indépendante sur la situation des Banyamulenge et autres Rwandophones en RDC

Un autre manquement stratégique de la RDC a été de ne pas initier ou exiger une enquête internationale indépendante sur la situation des Banyamulenge et autres populations rwandophones vivant sur son territoire. Depuis des années, Kigali utilise la rhétorique de la « protection des minorités rwandophones » pour justifier ses interventions militaires et son soutien à des groupes armés comme le M23.

Plutôt que de laisser ce discours se développer sans contrôle, Kinshasa aurait dû demander officiellement aux Nations Unies, à l'Union africaine ou à la CIRGL (Conférence internationale sur la région des Grands Lacs) de diligenter une mission d'enquête impartiale. Celle-ci aurait eu pour mandat d'évaluer objectivement :

  • La réalité des discriminations subies par ces communautés
  • Le degré des discours de haine ou de stigmatisation locale
  • Les mécanismes de protection déjà existants ou à renforcer

Une telle démarche aurait permis à la RDC de démontrer sa bonne foi, de désamorcer l'argument rwandais de la « protection des Tutsis congolais » et de replacer la responsabilité du conflit là où elle se trouve réellement : dans l'ingérence étrangère, la convoitise minière et la manipulation identitaire orchestrée depuis Kigali.

16. Avoir minimisé le véritable objectif du Rwanda : la balkanisation de l'Est de la RDC

L'une des erreurs les plus graves commises par la RDC est d'avoir minimisé la nature stratégique et permanente du projet rwandais dans l'Est du pays. Depuis plus de vingt ans, le Rwanda poursuit un objectif clair : le contrôle politique, économique et démographique du Kivu et de l'Ituri, riches en ressources naturelles, en terres arables et en corridors commerciaux. Cette ambition s'inscrit dans une logique de balkanisation, c'est-à-dire la création d'une entité séparée, sous influence rwandaise, au sein du territoire congolais.

Pourtant, Kinshasa a souvent traité cette hypothèse comme une simple théorie politique, sans en faire le cœur de sa stratégie nationale de défense ni de sa diplomatie régionale. En engageant des dialogues successifs avec Kigali et le M23 sans poser la question de la souveraineté territoriale comme ligne rouge absolue, la RDC a involontairement donné du crédit à un processus de fragmentation progressive.

Aucun accord, aussi bien intentionné soit-il, ne changera cette réalité géopolitique tant que le Rwanda percevra un intérêt vital à maintenir le chaos dans le Kivu. La RDC doit donc bâtir sa politique étrangère sur un principe de non-négociabilité de son intégrité territoriale, en renforçant ses institutions, son armée et ses alliances régionales pour contrer durablement cette stratégie de balkanisation.

17. Avoir négligé la double stratégie du Rwanda : l'occupation militaire directe (RDF) et l'occupation indirecte via le M23

Une erreur stratégique majeure de la RDC est d'avoir sous-estimé la double architecture militaire et politique que le Rwanda utilise dans sa guerre prolongée à l'Est. Kigali ne dépend pas d'un seul instrument d'influence, mais de deux leviers simultanés :

  1. Une présence militaire directe de la RDF (Forces de Défense Rwandaises) infiltrée à travers les frontières, opérant parfois ouvertement, parfois sous couvert d'uniformes du M23
  2. Une présence militaire et administrative indirecte via le M23, entièrement financé, équipé, encadré et commandé par Kigali

Cette dualité permet au Rwanda de ne jamais perdre son influence, quelle que soit l'évolution diplomatique. Même si, dans un scénario hypothétique, la RDF quittait officiellement le territoire congolais dans le cadre des Accords de Washington ou de tout autre accord bilatéral, le M23 continuerait à jouer trois rôles clés :

  • Assurer l'occupation militaire de facto
  • Maintenir une administration parallèle (taxation, justice locale, contrôle territorial)
  • Créer une pression permanente sur Kinshasa et sur les provinces du Kivu

C'est précisément pour cette raison que le Rwanda accepte de signer des accords internationaux : ils ne l'obligent jamais à couper son soutien clandestin au M23. La RDC a commis une erreur en ignorant que même si les soldats rwandais rentrent à Kigali devant les caméras, la guerre continue via le M23, garantissant la permanence de la stratégie expansionniste du Rwanda.

18. La faiblesse institutionnelle du ministère des Affaires étrangères

Le ministère congolais des Affaires étrangères manque de moyens, de continuité et de formation diplomatique approfondie. Les diplomates changent fréquemment avec chaque remaniement, ce qui empêche toute stratégie de long terme. Le Rwanda, au contraire, dispose d'un appareil diplomatique stable, bien formé et orienté vers l'efficacité géopolitique.

19. L'absence d'un centre de recherche ou de stratégie géopolitique nationale

La RDC ne dispose pas d'un think tank national ou d'un centre d'analyse stratégique capable de produire des rapports, scénarios et contre-discours diplomatiques. Le Rwanda, lui, s'appuie sur des institutions comme la Rwanda Governance Board et des partenariats universitaires pour construire son narratif et influencer les institutions internationales.

20. Le manque de coordination entre les forces armées (FARDC) et la diplomatie

Sur le terrain, les actions militaires et les initiatives diplomatiques ne sont pas synchronisées. La RDC négocie souvent pendant que ses armées sont désorganisées ou en déroute, ce qui affaiblit sa position. Une stratégie coordonnée "diplomatie + défense" aurait permis de transformer les gains militaires en levier diplomatique.

21. La marginalisation des provinces affectées dans le processus de négociation

Les communautés du Nord-Kivu, Sud-Kivu et Ituri ne sont presque jamais représentées à la table des négociations. Cette centralisation du pouvoir à Kinshasa crée un fossé entre les décisions nationales et les réalités locales, rendant les accords inapplicables sur le terrain.

22. Le manque de communication et de diplomatie médiatique

Le Rwanda maîtrise parfaitement sa communication à l'international : conférences, ONG relais, storytelling humanitaire. La RDC, en revanche, reste silencieuse ou réactive. Elle ne possède ni service de presse stratégique, ni campagne médiatique pour contrer les fausses narratives et expliquer la nature de l'agression au public international.

23. La sous-estimation du rôle des multinationales et des intérêts économiques étrangers

Les négociations de paix sont souvent présentées comme politiques, mais elles sont profondément économiques. Les entreprises étrangères profitent de la guerre pour exploiter les minerais du Kivu via des intermédiaires rwandais et ougandais. Kinshasa n'a jamais mis en avant cette réalité devant les Nations Unies ou dans ses dossiers diplomatiques.

24. L'absence de suivi et d'évaluation des accords signés

Chaque accord signé (Sun City, Nairobi, Addis-Abeba, Luanda, etc.) manque de mécanisme de suivi rigoureux. La RDC ne met pas en place d'unité chargée de surveiller l'application des engagements, ni de sanctionner les violations. Le Rwanda, lui, exploite cette faiblesse pour contourner les obligations sans conséquence.

25. La dépendance excessive vis-à-vis des forces étrangères (ONU, EAC, SADC)

Kinshasa s'appuie trop sur les interventions étrangères pour assurer sa sécurité. Cette dépendance limite sa souveraineté et son autorité sur le terrain. La RDC aurait dû bâtir une capacité nationale de défense intégrée, soutenue par une industrie locale de sécurité et une logistique autonome.

26. Le manque de politique frontalière claire

Les frontières orientales du pays sont parmi les plus poreuses d'Afrique. L'absence de postes frontaliers modernes, de surveillance électronique et de contrôle des flux humains et miniers favorise l'infiltration des RDF et le trafic illicite. La RDC n'a jamais placé la sécurisation de ses frontières au cœur de sa stratégie de paix.

27. L'absence de diplomatie économique et de valorisation des ressources

La RDC discute de paix mais rarement d'économie. En ne développant pas ses propres usines de transformation de minerais, elle a laissé d'autres pays, notamment le Rwanda, s'imposer comme les "exportateurs officiels" de ses richesses. Une diplomatie économique proactive — cherchant des partenariats industriels équitables avec des pays africains et asiatiques — aurait donné à Kinshasa un véritable pouvoir de négociation.

28. Le manque de suivi et de résultats des initiatives judiciaires internationales

La RDC a engagé plusieurs démarches auprès des juridictions internationales, notamment la Cour internationale de Justice (CIJ) à La Haye et la Cour de justice de la Communauté d'Afrique de l'Est (EACJ), pour dénoncer les violations de sa souveraineté et les crimes commis par le Rwanda et ses alliés. Cependant, ces initiatives se sont heurtées à un grave manque de suivi politique, technique et diplomatique.

Après la victoire symbolique de 2005 à la CIJ, qui reconnaissait la responsabilité de l'Ouganda dans les actes d'agression et de pillage, la RDC n'a pas su capitaliser sur ce précédent. L'arrêt n'a jamais été pleinement exécuté, les réparations n'ont pas été obtenues, et aucune stratégie diplomatique n'a été déployée pour en assurer l'application. De même, la plainte déposée devant la Cour de la Communauté d'Afrique de l'Est contre le Rwanda n'a jamais bénéficié d'un appui technique ni d'une campagne internationale de soutien.

Sur le plan économique, la RDC a également manqué de constance dans ses actions judiciaires contre les multinationales (notamment Apple, Google, Tesla et d'autres) impliquées dans la chaîne d'approvisionnement des minerais du conflit. Ces procédures, amorcées par certaines ONG et avocats congolais, auraient dû être soutenues politiquement et juridiquement par l'État lui-même.

Ce manque de suivi institutionnel empêche la RDC de transformer ses initiatives judiciaires en instruments de pression diplomatique et économique. En renforçant la coordination entre ses juristes, diplomates et ministères concernés, le pays pourrait imposer davantage le respect du droit international, obtenir des réparations financières, et dissuader les entreprises complices du pillage de ses ressources.


Conclusion : Pour une nouvelle approche congolaise de la paix

Les erreurs stratégiques de la RDC dans les négociations de paix résultent d'un mélange de faiblesse institutionnelle, d'improvisation diplomatique et de dépendance externe. Ces erreurs traduisent une constante : la passivité stratégique de la RDC dans un environnement où le Rwanda agit avec vision, coordination et lobbying constant.

Pour inverser la tendance, la RDC doit adopter une approche intégrée fondée sur :

  1. La consolidation du pouvoir militaire et la réforme des FARDC avant toute négociation - Une stratégie coordonnée "diplomatie + défense" pour transformer les gains militaires en levier diplomatique
  2. Une diplomatie souveraine articulée autour d'une stratégie nationale de sécurité et de développement - Unifier les cadres de négociation et imposer des objectifs non négociables
  3. La création d'un narratif international cohérent pour dénoncer l'agression rwandaise - Développer un service de presse stratégique et des campagnes médiatiques structurées
  4. L'implication réelle des communautés locales dans tout processus de paix - Assurer un ancrage local pour la mise en œuvre effective des accords
  5. La traçabilité transparente des minerais pour couper les circuits économiques de la guerre - Développer une diplomatie économique proactive et des capacités de transformation locale
  6. La construction d'une diplomatie africaine d'influence - Établir des partenariats à intérêt réciproque et renforcer les alliances régionales
  7. La professionnalisation de l'appareil d'État - Renforcer le ministère des Affaires étrangères, créer des think tanks nationaux et institutionnaliser un corps d'experts
  8. Le suivi rigoureux des initiatives judiciaires internationales - Transformer les victoires juridiques en leviers de pression diplomatique et économique
  9. La sécurisation des frontières - Mettre en place des infrastructures modernes de contrôle frontalier
  10. Le principe de non-négociabilité de l'intégrité territoriale - Faire de la souveraineté territoriale une ligne rouge absolue dans toute négociation

La paix à l'Est ne sera pas le fruit d'accords imposés de l'extérieur, mais d'une refondation de la souveraineté congolaise, d'une diplomatie offensive et d'une gouvernance juste qui restaure la confiance du peuple dans son État. Une paix durable exigera que Kinshasa construise une diplomatie souveraine et technique, professionnalise son appareil d'État, investisse dans la communication et la recherche, et rééquilibre ses alliances africaines et internationales.

Préparé par :
Sam Nkumi, Chris Thomson & Gilberte Bienvenue
African Rights Alliance, London, UK

Thursday, 6 November 2025

Democratic Republic of Congo (DRC): Peace as a Geopolitical Instrument

For nearly three decades, the Democratic Republic of Congo (DRC) has remained at the epicenter of regional instability where economic interests, security issues, and power rivalries intertwine. Recurrent conflicts in the eastern part of the country — particularly in the provinces of North Kivu, South Kivu, Ituri, and Maniema — reveal not only the structural fragility of the Congolese state but, more importantly, the systematic instrumentalization of this weakness by foreign and regional powers.

Two recent diplomatic dynamics embody this reality:

  • The Washington system, which relies on a logic of regional economic and security integration supposedly beneficial to stability, but whose real dividends primarily favor Rwanda;
  • The Doha system, which tends to legitimize the M23 rebellion and ratify the fragmentation of Congolese sovereignty for Kigali's benefit.

In both cases, these peace mechanisms are part of a façade diplomacy where conflict resolution mechanisms are transformed into tools of influence and control, rather than instruments of justice and sovereignty.


1. The Washington System: An Asymmetric Peace Rewarding the Aggressor

1.1 The System's Architecture

The "Washington system" refers to the American policy for managing the Great Lakes crisis, articulated around three main axes:

  1. Securing strategic mining zones for global supply chains (cobalt, coltan, lithium, copper);
  2. Regional stabilization through economic integration, notably through cooperation between Rwanda and the DRC, including joint exploitation of certain Congolese resources;
  3. Privileged security cooperation with Rwanda, perceived as a stable and reliable partner.

This approach rests on a utilitarian logic: regional stability would require the leadership of a strong state, in this case Rwanda. The agreement signed on June 27, 2025, in Washington between the DRC and Rwanda, with President Donald Trump's participation, illustrates this vision: it prioritizes rapid normalization of relations without addressing the root causes of the conflict.

1.2 Systematic Exploitation of Congolese Weakness

Aware of its inability to protect its territory and independently exploit its resources, the DRC turned to Washington to obtain security support in exchange for economic guarantees in the mining sector. However, this dependence has created a profoundly asymmetric relationship where Congo appears more as a terrain for geostrategic experimentation than as a sovereign actor.

Meanwhile, Paul Kagame skillfully instrumentalizes this dynamic: he positions himself as an indispensable actor for regional peace, even as his forces and allies — notably the M23 — actively destabilize the DRC. This strategy allows Rwanda to:

  • Benefit from diplomatic capital with Western powers;
  • Obtain bilateral investments and aid in the name of regional stability;
  • Maintain privileged access to Congolese minerals through structured smuggling networks.

According to the US Geological Survey, Rwanda's coltan exports increased by 50% between 2022 and 2023, despite the country lacking sufficient reserves to justify such volumes. These minerals actually come from M23-controlled zones in the DRC, notably from Rubaya, one of the world's largest coltan sources, which fell to M23 in April 2024. Experts estimate that M23 collects at least $800,000 per month solely from coltan taxation in Rubaya.

Thus, under the guise of the "Washington peace framework," Kigali profits from a double discourse: on one side, that of regional peacemaker; on the other, that of silent aggressor who economically benefits from the chaos it maintains.

1.3 DRC–Rwanda Agreements: An Illusion of Cooperation

The Washington system, under the cover of regional integration, transforms into a tool of indirect economic annexation. The DRC obtains only crumbs — a few promises of investments and logistical support — without any real restoration of territorial or economic sovereignty. The Washington agreement of June 2025, although presented as progress, has produced no concrete changes on the ground.


2. The Doha System: A Peace of Recognition Institutionalizing Balkanization

2.1 Origin and Logic of the Doha System

The "Doha system" refers to negotiations initiated in Qatar in April 2025, where diplomats, Western representatives, and M23 delegates met to explore a political solution to the eastern conflict.

Unlike the Washington system (more global and economic), the Doha system is based on a logic of political recognition: it aims to integrate M23 into a formal dialogue process, presenting it not as a terrorist rebel group but as a legitimate negotiating actor.

This approach, defended by Rwanda, posits that peace cannot be built without M23, presented as representing a "marginalized" community (Congolese Tutsis). However, this narrative deliberately obscures Rwanda's direct and documented role in M23's formation, armament, command, and financing.

2.2 The January-February 2025 Offensive: A Context of Territorial Conquest

The Doha process opened as M23, with massive support from the Rwandan Defence Forces (RDF), launched its most significant offensive since 2012. On January 28, 2025, M23 captured Goma, the North Kivu capital and city of one million inhabitants, despite the presence of MONUSCO, SADC forces, and local militias. On February 15, 2025, Bukavu, the South Kivu capital, fell.

These conquests were made possible by massive Rwandan support. The UN Group of Experts report, published in July 2025, confirms the deployment of at least 6,000 Rwandan soldiers on Congolese territory. This support includes:

  • Military training in camps located in Rwanda;
  • Provision of sophisticated weapons: Turkish Bayraktar TB2 drones, Chinese SHORAD missile systems, electronic warfare equipment;
  • Coordinated operational command involving senior Rwandan officers identified by the UN, including James Kabarebe (Minister of Regional Cooperation), General Vincent Nyakarundi (RDF Chief of Staff), and General Patrick Karuretwa.

This offensive caused nearly 3,000 deaths, including the provincial military governor, and triggered the displacement of 500,000 additional people, adding to the 2 million already displaced in the East.

2.3 The Doha Signature: A Trapped Recognition

Despite this context of military conquest, or rather because of it, on July 19, 2025, the DRC and M23 signed in Doha a declaration of principles including a commitment to a "permanent ceasefire." This declaration provided for:

  • Opening formal negotiations no later than August 8, 2025;
  • Signing a comprehensive peace agreement no later than August 18, 2025;
  • A "roadmap for restoring state authority" in M23-controlled zones.

However, these deadlines were not met. As of November 2025, no definitive peace agreement has been concluded. Fighting continues sporadically, M23 maintains its control over Goma, Bukavu, and strategic mining zones, and poses new conditions before any agreement: release of hundreds of prisoners, lifting of arrest warrants against its members, and recognition of its political status.

By participating in these negotiations, the DRC fell into a legitimization trap. It implicitly recognizes M23 as a political actor, even though it is responsible for war crimes and is merely a proxy for the Rwandan army.

2.4 Consequences of This Recognition

This posture dramatically weakens Kinshasa's position:

  • It undermines the Congolese government's credibility, unable to protect its population;
  • It reinforces the Rwandan narrative that the conflict is "internal" rather than foreign aggression;
  • It distances the possibility of international justice against Kigali for its documented and repeated interference;
  • It creates a dangerous precedent: any armed rebellion supported by a neighboring state can now demand political recognition in exchange for a ceasefire.

The Doha system, supposedly aimed at appeasement, instead ratifies the territorial and moral division of the country. It institutionalizes M23's presence in conquered zones and prepares a de facto partition of Congolese territory.


3. Structural Errors and Strategic Weakness of the DRC

3.1 Misreading the Conflict's Causes

For years, the DRC — under international pressure — accepted the narrative that the Democratic Forces for the Liberation of Rwanda (FDLR) constituted the main cause of regional instability.

This vision, promoted by Kigali, allowed Rwanda to justify its military incursions into Congo as "preventive operations" against the FDLR, while they often served as cover for well-documented economic and territorial objectives.

By focusing on this peripheral threat, Kinshasa neglected the true nature of the Rwandan project: a systematic expansionist project aimed at transforming Kivu into an economic and security buffer zone under Kigali's direct influence.

President Félix Tshisekedi, after several years of trust in regional diplomacy, finally publicly acknowledged that Rwanda seeks to annex Kivu, not to protect a threatened ethnic minority. But this awareness comes late, after years of diplomatic concessions.

3.2 Risky Diplomatic and Security Dependence

Faced with its inability to defend national territory, the DRC multiplies external partnerships: United States, France, SADC forces (South Africa, Malawi, Tanzania), Burundi, Uganda. Paradoxically, this strategic dependence dilutes national sovereignty into a set of contradictory interests.

Each foreign partner acts according to its own priorities — economic, military, or diplomatic — rarely aligned with those of the Congolese people:

  • The United States prioritizes access to strategic minerals;
  • France seeks to maintain its influence in the Great Lakes region;
  • SADC countries pursue their own security agendas;
  • Burundi fears similar destabilization orchestrated by Rwanda.

While the DRC awaits external rescue, its neighbors build long-term strategies based on its fragility. Rwanda transforms its small size into a strategic advantage: it acts quickly, speaks with one voice, and methodically exploits Congolese divisions.

3.3 Internal Governance Incapable of Resistance

Beyond diplomacy, the DRC's main Achilles heel lies in its deficient internal governance:

  • Endemic corruption at all state levels;
  • Fragmented, under-equipped, and often undisciplined army (FARDC);
  • Absence of effective control over eastern borders;
  • Weak national cohesion and exploitable ethno-regional divisions;
  • Inability to generate sufficient tax revenues despite immense mineral wealth.

This chronic disorganization makes the country structurally vulnerable to external manipulation. As long as the Congolese government does not build a clear national vision for security and development, it will remain prisoner to frameworks imposed by other, more organized and determined actors.


4. The Consequences: Toward Silent Balkanization

Both systems — Washington and Doha — converge toward the same disastrous result: the progressive deconstruction of Congolese sovereignty.

  • The Washington system legitimizes economic and security dependence where Rwanda becomes the privileged partner of major Western powers, despite its documented role as aggressor;
  • The Doha system confers political recognition on M23 and prepares a de facto partition of Congolese territory, institutionalizing rebel control over strategic zones.

In both cases, Paul Kagame emerges victorious:

  • He obtains international recognition as an indispensable actor for regional stability;
  • He consolidates Rwandan military presence in Kivu;
  • He diverts mineral wealth toward Kigali through now quasi-institutionalized circuits;
  • He imposes his political agenda on Kinshasa despite UN resolutions.

Meanwhile, the DRC remains mired in defensive and reactive logic, accumulating diplomatic and territorial defeats.

The balkanization of Congo is therefore not a brutal project of classic military annexation, but a gradual and sophisticated process of sovereignty erosion, orchestrated through peace mechanisms diverted from their initial objective. It is conquest through diplomatic instrumentalization.


5. International Reactions: Between Condemnations and Impotence

Faced with this situation, the international community has multiplied declarations and measures without managing to reverse the dynamic on the ground.

5.1 UN Resolutions

The UN Security Council unanimously adopted, in February 2025, a resolution strongly condemning the M23 offensive and demanding:

  • Immediate cessation of hostilities;
  • M23 withdrawal from all controlled zones;
  • "Unconditional" withdrawal of Rwandan Defence Forces from Congolese territory;
  • Dismantling of parallel administrations established by M23.

However, these demands remained a dead letter. Rwanda continues to deny any direct military involvement, despite overwhelming evidence from the UN Group of Experts.

5.2 European Union Sanctions

In March 2025, the European Union imposed targeted sanctions against Rwandan officers and M23 leaders, including:

  • RDF officers: Ruki Karusisi, Eugène Nkubito, Pascal Muhizi;
  • M23 leaders: Bertrand Bisimwa, Désiré Rukomera, Jean-Bosco Nzabonimpa Mupenzi;
  • Francis Kamanzi, CEO of Rwanda Mines, Petroleum and Gas Board, for his involvement in illegal mineral exploitation.

These sanctions, while symbolically important, have not modified Rwanda's behavior or slowed M23's advance.

5.3 Withdrawal of Angolan Mediation

In March 2025, Angolan President João Lourenço withdrew from his role as mediator after years of fruitless efforts within the Luanda process framework. This withdrawal symbolizes the failure of traditional African mediations in the face of Rwandan determination and Congolese weakness.


6. Perspectives and Paths of Resistance

To escape this destructive spiral, the DRC must radically rethink its strategy at several levels:

6.1 Refocus Diplomacy on National Sovereignty

The DRC must refuse imposed diplomatic frameworks without real guarantees of neutrality and respect for sovereignty. This implies:

  • Systematically demanding prior withdrawal of all foreign forces before any negotiation;
  • Prioritizing alliances based on effective reciprocity, particularly with African actors sharing an authentic pan-African vision;
  • Rejecting any direct negotiation with M23 until it disarms and accepts its dissolution;
  • Demanding international recognition of Rwanda as an aggressor state, in accordance with documented UN reports.

6.2 Rehabilitate Internal Legitimacy and Capacity

Strengthening national institutions constitutes the absolute priority:

  • Urgently restructure, professionalize, and equip the army (FARDC);
  • Reestablish effective control over eastern borders;
  • Combat systemic corruption that undermines state credibility;
  • Restore public trust in national institutions;
  • Develop genuine national cohesion beyond ethnic and regional divisions.

A restructured, disciplined, well-equipped, and loyal army is the first condition for lasting peace. Without credible military capacity, any diplomatic negotiation will be conducted from a position of weakness.

6.3 Reorient International Discourse

The DRC must systematically denounce the duplicity of external actors who simultaneously support victims and aggressors. This requires:

  • Offensive rather than merely defensive diplomacy;
  • Systematic use of international forums (UN, African Union, International Criminal Court);
  • Rigorous documentation of war crimes and crimes against humanity;
  • Mobilization of international public opinion against Rwandan aggression;
  • Demand for international criminal accountability for implicated Rwandan leaders.

6.4 Exploit National Resources Sovereignly

The DRC must establish transparent and equitable partnerships for mining exploitation:

  • Renegotiate leonine contracts that dispossess the country of its wealth;
  • Create strict mineral traceability mechanisms to combat smuggling;
  • Develop local processing industries to capture more added value;
  • Diversify economic partners to reduce unilateral dependencies;
  • Massively invest mining revenues in defense, education, and infrastructure.

6.5 Build a Regional Resistance Coalition

The DRC cannot confront Rwandan expansionism alone. It must:

  • Strengthen alliances with similarly threatened countries (notably Burundi);
  • Propose an alternative vision of regional integration based on mutual respect;
  • Mobilize African institutions (African Union, SADC, East African Community);
  • Document and share evidence of Rwandan aggression with all regional actors.

Conclusion: Confiscated Peace, Sovereignty to be Reclaimed

Analysis of the Washington and Doha systems reveals a tragic paradox: peace is no longer a sincere objective but a pretext for geopolitical expansion.

In both approaches, Rwanda methodically capitalizes on Congolese weakness to extend its territorial, economic, and political influence, while the DRC, lacking unified strategy and effective capabilities, contents itself with symbolic diplomatic responses that change nothing on the ground.

The events of 2025 confirmed this analysis:

  • The January-February 2025 offensive, which resulted in the conquest of Goma and Bukavu, demonstrates the scale of Rwandan military support to M23;
  • The Washington agreement of June 2025 illustrates American preference for rapid "stabilization" that does not challenge Rwandan interests;
  • The Doha process, despite signing a declaration of principles in July 2025, failed to produce a peace agreement and mainly served to legitimize M23 as a political actor;
  • International sanctions, while symbolically important, have not modified actors' behavior on the ground.

President Tshisekedi, by finally acknowledging that Rwanda's objective is the annexation of Kivu, put words to a reality that UN reports have documented for years. But this awareness, if not accompanied by radical strategic change, risks arriving too late.

True peace in Congo will come neither from Washington nor from Doha, but from a reconstruction of Congolese power, based on:

  1. Effective and non-negotiable territorial sovereignty;
  2. Justice for crimes committed and responsibilities established;
  3. Capacity for resistance — military, economic, and diplomatic — against external manipulation;
  4. Internal legitimacy restored through effective and inclusive governance;
  5. A clear and unified strategic vision of national interest.

As long as the DRC does not impose its own peace framework, it will remain prisoner to those who claim to save it while profiting from its weakness. The reconquest of Congolese sovereignty necessarily passes through refusal of false peace that institutionalizes dispossession.

The choice is now clear: accept progressive balkanization disguised as a peace process, or refuse these trapped frameworks and rebuild, patiently but resolutely, the foundations of a sovereign state capable of defending its territory and interests.

History will judge severely those who, through weakness or complacency, will have accepted the silent dismantling of one of Africa's largest countries.


Prepared by:
Sam Nkumi, Chris Thomson & Gilberte Bienvenue
African Rights Alliance, London, UK

Updated Version: November 2025


Sources and Additional References

  • UN Group of Experts Reports on the DRC (May-July 2025)
  • UN Security Council Resolution (February 2025)
  • Doha Declaration of Principles (July 19, 2025)
  • DRC-Rwanda Washington Peace Agreement (June 27, 2025)
  • European Union Sanctions (March 2025)
  • US Geological Survey Reports on Rwandan Mineral Exports (2022-2025)
  • Analyses from Crisis Group International, ACLED, and United States Institute of Peace (2025)